Voyage de Christophe Colomb
« Dimanche 9 septembre. Ce jour-là, ils
perdirent complètement de vue la terre. Craignant de ne pas la revoir de
longtemps, beaucoup soupiraient et pleuraient.
L’Amiral les réconforta tous avec de
grandes promesses de maintes terres et richesses, afin qu’ils conservassent
espoir et perdissent la peur qu’ils avaient d’un si long chemin. Il fit ce
jour-là dix-neuf lieues et décida d’en compter moins qu’il n’en faisait,
afin que ses gens n’en fussent ni effrayés, ni découragés… »
10 octobre – Les hommes n’en
pouvaient plus et se plaignaient de la longueur du voyage. L’Amiral les
réconforta de son mieux en leur rappelant les profits qui les attendaient,
et il ajouta qu’il était vain de se plaindre car il entendait poursuivre
jusqu’à ce qu’il ait trouvé les Indes.
Jeudi 11 octobre – Grosse
mer. Un roseau vert près de la caravelle. L’ équipage de la Niña vit
un petit bâton couvert d’épines à fleurs ; tous les esprits en furent
réjouis […].
La navire la Pinta,
le meilleur voilier des trois, était en tête. Il fit signe qu’il avait
découvert la terre. Ce fut un marin nommé Rodrigo de Triana qui vit cette
terre le premier.
24 octobre – Je suis parti
pour une île que les Indiens appellent Colba [Cuba]. Si j’en crois
les Indiens, […], ce doit être Cipango (le Japon). Ils disent qu’elle est
bien pourvue de perles, d’or et d’épices. »
in Nathan, Gulliver.
Histoire. Cycle 3, 1997
D’après le Journal de bord
de Christophe Colomb (1492-1493).
Le journal de Christophe
Colomb. Christophe Colomb débarque sur l’île de San Salvador
« Samedi 13 octobre 1492 : Au lever du
jour, arrivèrent sur la plage une quantité d’hommes de belle apparence.
Leurs cheveux ne sont pas crépus, mais lisses et gros comme des crins de
cheval. Ils ont le front et la tête bien plus larges que ceux des autres
races, les yeux très beaux et grands. Aucun de ces hommes n’est de couleur
noire…
Ils vinrent vers mon navire sur des barques
faites d’une seule pièce dans un tronc d’arbre et remarquablement
travaillées. Certaines sont grandes et peuvent contenir quarante ou
quarante-cinq hommes, d’autres petites, qui ne portent qu’un seul homme. Les
rames sont semblables à des palettes de four. Ils se déplacent si rapidement
en barque que c’en est une merveille. Ils apportaient des pelotes de coton
filé, des perroquets et donnaient tout pour quelque bagatelle qu’on leur
offrait en échange. »
In SEDRAP, A nous le
monde ! CE2.
24 octobre – Je suis parti
pour une île que les Indiens appellent Colba [Cuba]. Si j’en crois
les Indiens, […], ce doit être Cipango (le Japon). Ils disent qu’elle est
bien pourvue de perles, d’or et d’épices. »
In Hachette, A monde
ouvert. Histoire. Cycle 3 niveau 1, 1995
En bref, l'idée d'une route maritime vers les Indes par l'ouest n'est
nullement une illumination personnelle de Colomb. Elle était connue et
discutée partout -
On se tromperait donc en imaginant Colomb défiant une immensité océanique
incalculable. Les mers à traverser sont pour lui étroites et les terres
toujours proches. Durant le premier voyage, son Journal de borda ne révèle
nulle peur d'espaces incommensurables, nulle terreur de confins
cataclysmiques. Il témoigne au contraire très vite du sentiment quasi
permanent de la proximité de terres ou d'îles (une autre erreur appuyée sur
divers indices comme les vols d'oiseaux ou les algues abondantes de la mer
des Sargasses). l'attente d'une découverte toujours imminente quoique sans
cesse déçue rythme la traversée de l'Atlantique. La distance psychologique à
surmonter s'en trouve ainsi sensiblement réduite.
Mais la nervosité des équipages finit malgré tout par monter, et les
pilotes, de plus en plus critiques, réclament un changement de cap. Voilà
donc le vrai péril de l'expédition : ne pas choisir le bon cap et errer sans
toucher des terres pourtant proches. Le mérite de Colomb est ici d'avoir
maintenu fermement une route plein ouest, contre l'avis de tous, sans quoi
il aurait perdu un temps précieux et serait sans doute rentré bredouille.
Finalement, après cinq semaines de navigation, dans la nuit du 11 au 12
octobre 1492, la terre est en vue et, au petit matin, Colomb et ses hommes
posent le pied sur l'île de Guanahani, aussitôt baptisée San Salvador, dans
l'archipel des Bahamas.
L;Amiral est convaincu d'avoir atteint son but, les Indes. Dès le 17
octobre, il commence à nommer « Indiens » tous les habitants des contrées
découvertes. C'est du reste l'un de ses legs les plus durables,s'il n'a pas
donné son nom au continent américain, du moins a-t-il marqué de son
empreinte les centaines de peuples qui l'occupaient alors et qui,
aujourd'hui encore, se voient affublés d'un nom qui leur convient fort
mal... revue l'Histoire Magazine Mensuel mars 2004 |