

NAPLES au XV éme siècle
Un commerce triangulaire est crée entre Venise,
l’Afrique du Nord (du Maroc à l’Egypte) et l’Orient (c’est à dire
Constantinople, partenaire le plus souvent cité des commerçants vénitiens).
L’Afrique du Nord est dès le X° siècle une plaque tournante du commerce des
esclaves auquel les Vénitiens participent. L’empereur
byzantin Alexis de Comnène conclut un
accord avec
Venise. Il permet aux Vénitiens de commercer dans
les grandes villes de l’Empire
byzantin tout en étant exemptés de
taxes douanières. En échange, ils devront fournir leur aide militaire
selon les besoins de l’empereur.
Venise dispose en effet d’une
flotte très puissante. De plus, un quartier de
Constantinople leur est attribué. Par la suite,
Gênes et
Pise jouiront des mêmes
privilèges, ce qui mécontente d'ailleurs la
population.
La présence vénitienne en Afrique a été
le fait d’initiatives individuelles jusqu’au XII° siècle
Les commerçants vénitiens ont eu recours
jusqu’au XII° siècle à l’emprunt pour financer leurs activités en Afrique du
Nord. La colonie vénitienne est déjà nombreuse à Alexandrie au milieu du XII°
siècle : elle comte environs 3000 Italiens (pour les Egyptiens presque tous
les Italiens sont des Vénitiens) regroupés dans un fondouk en 1215. Les
Vénitiens ne pratiquent aucune discrimination : orthodoxes, chrétiens latins
de la conquête, musulmans égyptiens sont leurs partenaires commerciaux.
Ils ne s’intéressent pas seulement à
l’Egypte : le Maghreb (Bougie, Ceuta...), que l’on croit souvent réservé aux
Génois ou aux Catalans, est également une destination des navires vénitiens,
même si le contenu des cargaisons n’est pas connu avec précision.
Le commerce avec le Nord de l’Afrique
connaît une croissance rapide. Ainsi en 1245 une affaire est conclue à Tunis
entre des Vénitiens et des Florentins portant sur une cargaison de laine à
destination de Venise pour 4000 besants de Tunis alors qu’au début du siècle
précédent les contrats ne dépassaient pas quelques centaines de besants.
C’est dans ce contexte de forte
croissance que l’Etat vénitien intervient à la fin du premier tiers du XIII°
siècle. Ainsi qu’un traité de commerce est signé par Venise avec le
souverain de Tunis.
A partir de 1270 le rôle de l’Etat
augmente. Les marchands se voient proposer deux escales : Alexandrie ou Ras
El Makhbaz en Tunisie, débouché des pistes caravanières. En 1280 l’Etat les
oblige à revenir à Venise avec du sel tunisien. L’Etat s’efforce par la
suite de créer un maillage des lignes de commerce dans toute la
Méditerranée. Concernant le Nord de l’Afrique une ligne de Barbarie (les
Berbères) est mise en place au cours du second tiers du XV° siècle. Son
itinéraire part de Venise en direction de Corfou puis Syracuse, Tunis,
Bougie, Alger, Oran, Malaga, Valence pour revenir directement à Venise.
Cette ligne autorise le cabotage alors que précédemment les marchandises
étaient obligées de transiter par Venise et d’y acquitter les taxes avant la
revente. Une autre ligne, celle du trafego, du trafic, est créée en 1462. Il
s’agit d’une liaison triangulaire qui court-circuite Venise : les navires
partent de Modon ou Coron en Grèce en direction de Tunis puis d’Alexandrie
avant un retour en Grèce. Ces navires sont empruntés par des marchands et
des pèlerins mais aussi par des esclaves noirs à destination des ports du
levant (souvent des esclaves-soldats pour les gardes personnelles des
souverains).
J.-C. Hoquet conclue en soulignant que
les commerçants vénitiens ont échappé au portrait négatif du Sarazin,
entretenant avec ces derniers des relations pacifiques, à la différence de
celles entretenues avec les Grecs.
Les Vénitiens s’en tiennent à l’espace
méditerranéen et si un Vénitien, Alvise Ca’ da Mosto s’aventure en Afrique
noire en 1455 et 1456, c’est au service du souverain portugais Henri le
Navigateur.
Auteur de l’article
Fabrice Angevin professeur au collège Jean
Vilar - Les Mureaux