Illustration du livre le "Devisement du monde", BNF
Du fait des "croisements"
entre familles royales, et autres mariages d'intérêts, le français devient
langue usuelle de manière très géographiquement étendue. Encore à l'époque
de Christophe Colomb, au XV-XVIème siècle, le français était parlé en France
(certes) mais aussi en Italie, et en Angleterre !
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Le
français est une langue romane. Sa grammaire et la plus grande partie de son
vocabulaire sont issues des formes orales et populaires du latin, telles que
l’usage les a transformées depuis l’époque de la Gaule romaine. Les
Serments de Strasbourg, qui scellent en 842 l’alliance entre Charles le
Chauve et Louis le Germanique, rédigés en langue romane et en langue
germanique, sont considérés comme le plus ancien document écrit en français.
Au
Moyen Âge, la langue française est faite d’une multitude de dialectes qui
varient considérablement d’une région à une autre. On distingue
principalement les parlers d’oïl (au Nord) et les parlers d’oc (au Sud).
Avec l’établissement et l’affermissement de la monarchie capétienne, c’est
la langue d’oïl qui s’impose progressivement.
Mais
on peut dire que la France est, comme tous les autres pays d’Europe à cette
époque, un pays bilingue : d’une part, la grande masse de la population
parle la langue vulgaire (ou vernaculaire), qui est aussi celle des
chefs-d’œuvre de la littérature ancienne (la Chanson de Roland, le
Roman de la rose...) ; d’autre part, le latin est la langue de l’Église,
des clercs, des savants, de l’enseignement, et c’est aussi l’idiome commun
qui permet la communication entre des peuples aux dialectes plus ou moins
bien individualisés.
Malgré
la progression continue du français, cette coexistence se prolonge jusqu’au
XVIIe siècle, et même bien plus tard dans le monde de
l’Université et dans celui de l’Église.
’extension de l’usage du français (et,
qui plus est, d’un français qui puisse être compris par tous) est
proportionnelle, pour une large part, aux progrès de l’administration et de
la justice royales dans le pays. Inversement, l’essor de la langue française
et la généralisation de son emploi sont des facteurs déterminants dans la
construction de la nation française.
Deux articles de l’ordonnance de
Villers-Cotterêts, signée par François Ier en août 1539,
donnèrent une assise juridique à ce processus :
Article 110 :
Afin qu’il n’y ait cause de douter sur l’intelligence des arrêts de justice,
nous voulons et ordonnons qu’ils soient faits et écrits si clairement, qu’il
n’y ait, ni puisse avoir, aucune ambiguïté ou incertitude, ni lieu à
demander interprétation.
Article 111 :
Et pour ce que telles choses sont souvent advenues sur l’intelligence des
mots latins contenus dans lesdits arrêts, nous voulons dorénavant que tous
arrêts, ensemble toutes autres procédures, soit de nos cours souveraines et
autres subalternes et inférieures, soit de registres, enquêtes, contrats,
commissions, sentences, testaments, et autres quelconques actes et exploits
de justice, soient prononcés, enregistrés et délivrés aux parties, en
langage maternel français et non autrement.
Ainsi la vie publique du pays
était-elle indissociablement liée à l’emploi scrupuleux (afin de ne laisser
« aucune ambiguïté ou incertitude ») du « langage maternel français ». Ce
texte fondateur doit être rapproché de la Deffence et Illustration de la
langue françoyse (1549). Le manifeste du groupe qu’on appellera plus
tard la « Pléiade » proclame, exactement dix ans après l’ordonnance de
Villers-Cotterêts, l’excellence et la prééminence du français en matière de
poésie. On le voit, l’attachement résolu à la langue française répond à une
exigence à la fois politique, juridique et littéraire.
C’est la même exigence qui conduit
à la création de l’Académie française en 1635. Selon les termes de Marc
Fumaroli, Richelieu a fondé l’Académie pour « donner à l’unité du royaume
forgée par la politique une langue et un style qui la symbolisent et la
cimentent ». Ainsi, l’article XXIV des statuts précise que « la principale
fonction de l’Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la
diligence possibles à donner des règles certaines à notre langue et à la
rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences ».
http://www.academie-francaise.fr/langue/index.html
lingua
franca
(de l'italien, « langue
franque »), dialecte (idiome, jargon, sabir) utilisé comme moyen de
communication dans les ports méditerranéens, par les marins et par les
marchands depuis le Moyen Âge, jusqu'au XIXe siècle. La
lingua franca était alors
fondée sur certains dialectes côtiers de la péninsule italienne avec des
apports de mots espagnols, français, grecs et arabes. On trouve dans ce
langage une grande quantité de mots d'origine génoise. On pense que Colomb
connaissait cette langue des marins et à utilisé dans ces écrits de nombreux
mots provenant de ce langage. Dans les textes de Colomb on trouve des mots
espagnols italianisées et des mots génois "hispanisés"... ainsi que de
nombreux mots d'origine arabe, écrits dans ce sabir. Sa façon d'écrire
rendait, et rend encore, certains de ses écrits totalement incompréhensibles
à certaines personne qui ne connaissent pas cet idiome. Certains des
critiques modernes en ont profité pour considérer Colomb comme inculte
puisque incapable d'écrire correctement les langues connues... connues par
eux qui n'étaient pas des marins !
Tout au début, ce vernacle fut nommé Franc par les
premiers savants à le mentionner (1475-1671): les ambassadeurs Vénitiens
Contarini et Bernardo ainsi que les réligieux Haedo, Dan et Luca di San
Giovanni. Puis, surtout entre les voyageurs anglophones il prit le nom de
Lingua Franca (1670-1891: Covel, Barbot, Norden, Playfair, Grion.)
Pendant son âge d’or les écrivains français le nommèrent Langue Franque
(1731-1912: La Condamine, Varnier, Faidherbe, Cohen.) Après la conquête de
l’Algérie, et uniquement dans ce contexte l’on se réfère au Sabir
(1884-1968: Faidherbe, Reclus, Galland, Perego, Martinet.)
D'aprés :
LA LINGUA FRANCA, une langue méditerranéenne à
travers les siècles, par Roberto Rossetti [Université
de Nantes, 22/23 Avril 2002, Chaire Du Bellay de l’Académie de la
Méditerranée].
http://www.cristobal-colon.net/doc/glossaire_g_l.htm
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