- LA CONQUÊTE du PÉROU, qui s'effectua pendant la
deuxième moitié du règne de Charles Quint à partir de la Castille d'Or, fut
marquée par des exploits plus prodigieux encore.
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http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Quint
La
réputation de l'Empire Inca, plus ou moins déformée par des récits fabuleux,
était parvenue jusqu'à l'isthme de Panama (siège d'une Audiencia à partir de
1535). Plusieurs expéditions de reconnaissance avaient été lancées vers le
continent sud-américain et un petit noble de Trujillo,
Francisco Pizarro, avait participé à
presque toutes, notamment à celle qui, en 1526-27, lui avait permis de
parvenir jusqu'à l'embouchure du rio Esmeraldas sur les confins actuels de
la Colombie et de l'Équateur, puis jusqu'à la baie de Guyaquil.
II était
revenu très impressionné par la prospérité du pays visité et le caractère
pacifique de ses habitants. II se rendit alors en Espagne, obtint de
l'Empereur des capitulations qui lui accordaient le titre de vice-roi avec
juridiction sur les territoires à conquérir ainsi que des avantages
financiers et honorifiques pour ses associés, Diego de Almagro et le
chanoine Luque, qui finançait l'opération.
Pizarre ne doutait vraiment de
rien: il quitta Panama en janvier 1531 avec 180 hommes et 37 chevaux pour
conquérir un immense empire, bien organisé. Et cet homme avait près de 60
ans! Il ne lui fallut que trois ans pour réussir
la conquête du Mexique
s'effectua, sans vicissitudes graves, en quelques années. Cortez, nommé
gouverneur et capitaine général de NouvelleEspagne (15 octobre 1522), lança
des raids dans toutes les directions, répartit les encomiendas, fonda des
villes, légiféra, installa les premières missions franciscaines.
Cependant, dès 1523, trop
puissant désormais, il fut remplacé dans son rôle de gouverneur par un
letrado. Son voyage en Espagne, pour réclamer justice, ne changea pas son
destin comblé d'honneurs, fait chevalier de Santiago et marquis del Valle,
il ne retrouva pas le pouvoir. Il se voua alors à la colonisation et à la
mise en valeur de ses domaines : plantations de canne à sucre, coton,
mûriers, formation de grands troupeaux... Il devait mourir en 1547, lors
d'un nouveau séjour en Espagne.
Pendant ces années la conquête avait absorbé le Guatemala et le Yucatan. L'Audiencia
de Mexico avait été créée en 1527, bientôt coiffée par la vice-royauté de
NouvelleEspagne, en 1534. Les mines d'argent de Guanajato, Zacatecas,
étaient en pleine activité, des milliers d'Espagnols étaient venus s'établir
sur ces territoires. La Californie et la Floride avaient été explorées,
l'embouchure du Colorado reconnue. Depuis décembre 1512, les lois de Burgos
s'efforçaient de protéger les Indiens mais il y avait loin des textes, très
remarquables, à leur application.
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La réputation de l'Empire Inca, plus ou moins déformée par des récits
fabuleux, était parvenue jusqu'à l'isthme de Panama (siège d'une Audiencia à
partir de 1535). Plusieurs expéditions de reconnaissance avaient été lancées
vers le continent sud-américain et un petit noble de Trujillo,
Francisco Pizarre, avait participé à
presque toutes, notamment à celle qui, en 1526-27, lui avait permis de
parvenir jusqu'à l'embouchure du rio Esmeraldas sur les confins actuels de
la Colombie et de l'Équateur, puis jusqu'à la baie de Guyaquil.
Il était revenu très
impressionné par la prospérité du pays visité et le caractère pacifique de
ses habitants. II se rendit alors en Espagne, obtint de l'Empereur des
capitulations qui lui accordaient le titre de vice-roi avec juridiction sur
les territoires à conquérir ainsi que des avantages financiers et
honorifiques pour ses associés
Pizarre élimina successivement tous les obstacles
Lima était fondée et, en 1542, un an
après l'assassinat de Pizarre, était créée la vice-royauté de la
Nouvelle-Castille.Un lieutenant de Pizarre, Sébastien de Belalcazar, envoyé
vers le nord, avait fondé, en 1534, Quito sur l'emplacement d'une ville
indienne, puis, en 1536, Popayan. ers le nord, il rencontra dans une belle
savane, à 2 600 mètres d'altitude, un autre conquistador venu de la côte du
golfe du Mexique, Jimenez de Quesada, personnalité de premier ordre. C'est
sur cet emplacement que fut fondé, en 1538, Santa Fé de Bogota. Trois ans
plus tard, un autre compagnon de Pizarre, Orellana, parvenait jusqu'à un
grand fleuve qu'il descendait jusqu'à l'Atlantique sur un petit brigantin de
sa construction : ainsi venait d'être réalisée, en 1541, la première
reconnaissance du cours de l'Amazone
Les Andes franchies en tous sens,
les fondations de villes se multipliaient : sur l'altiplano, au Chili, sur
le Rio de la Plata...Mais une telle continuité dans le succès témoigne aussi
des extraordinaires qualités des conquérants. Certaines de ces qualités
n'ont pas toujours été appréciées à leur juste valeur.Les chances de
nourriture étaient devenues rares, parmi le froid, le brouillard, la pluie.
Il fallait ainsi plusieurs mois durant supporter a privations de toutes
sortes. On a
reproché aux conquistadors leur comportement impitoyable, leur cruauté
incontestable. Mais telle était la loi du temps. En ceci les Espagnols ne se
différencient pas des Français au temps des guerres de religion ou des
reitres allemands.
Le choix des sites de villes fondées par dizaines au cours du xvie siècle,
paraît particulièrement heureux. Voici par exemple Merida, fondée en 1558
dans les Andes du Vénézuela où se mêlent essences tropicales et plantes
tempérées, dans la haute vallée d'un torrent abondant, le Chama, sur une
belle et fertile terrasse à 1600 mètres d'altitude, encadrée par deux
cordillères dépassant 4 000 mètres; Bogota au coeur d'une verdoyante savane
de quinze lieues de long sur trois de large à 2 600 mètres; Popayan dans la
riche vallée du Cauca; Carthagène dont les rades successives et les collines
faisaient un site défensif prédestiné; Santiago du Chili dans la plus
fertile vallée de la région, au pied même des montagnes; Cochabamba à la
jonction des terres tempérées et des terres chaudes deBOLOVIE
Toutes ces villes furent
construites selon un plan concerté qui a laissé son empreinte dans presque
toutes les cités d'Amérique espagnole, compte tenu des variantes imposées
par la topographie : au centre, une place rectangulaire ou carrée, où
s'élève.: les signes de la foi, la cathédrale, et de l'autorité, le bâtiment
du cabildo (hôtel de ville Toujours est-il que la population
indienne, détruite aux Antilles, diminua dans des proportions alarmantes au
XVIe siècle sur le continent. Ce fut surtout vrai dans les zones minières,
au Mexique dès leXVIe siècle, et surtout au Pérou plus tard car, à Potosi, à
4 800 mètres d'altitude, les conditions d'exploitation de l'argent étaient
terribles, même pour les Indiens de l'altiplano dont le sytème respiratoire
était adapté à une atmosphère raréfiée. Le vice-roi Francisco de Toledo
organisa un système de travail par roulement selon le modèle incaïque, la
mita: les Indiens devaient satisfaire à des périodes de 4 mois de travail
alternant avec des périodes de liberté de 2 ans. Mais les Indiens, une fois
intégrés dans l'économie urbaine et monétaire, préféraient souvent continuer
à travailler dans les mines que retourner aux champs et, d'autre part, la
dépopulation réduisit progressivement les intervalles séparant les périodes
de travail. Néanmoins, dans l'ensemble de l'Amérique, les maladies
microbiennes contre lesquelles les Indiens n'étaient pas immunisés furent
les principales responsables et parfois les plus banales, telles que la
grippe. Mais aussi le typhus et la fièvre jaune. Les effectifs indiens
s'effondrèrent d'une trentaine de millions à 15 peut-être à la fin du XVIe
siècle. Ce qui explique que dans toutes les zones tropicales l'importation
de Noirs soit apparue comme le seul moyen de maintenir une force de travail
suffisante, cela surtout dans la deuxième moitié du XVIe siècle et au début
du suivant, Portugais et Hollandais étant alors les pourvoyeurs principaux
de « bois d'ébène »
Livre Bibliothèque Municipale Arcachon Titre le XVI e Siècle /
BARTHOLOME BERNASSAR Professeur d'histoire Economique à l'université
de Toulouse et JEAN JACQUART Maître de Conférence a l'Université
de Picardie / Armand Collin / Edition 1973
Livre HISTOIRE
DU MOYEN AGE ET DE LA RENAISSANCE EDITIONS NATHAN BIBLIOTHEQUE MUNICIPALE DE
ARCACHON
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