Ce sont en vérité les progrès des échanges qui
marquent le mieux le passage à une économie plus largement ouverte et qui
permettent l'accumulation des capitaux.
La France n'avait pas, en ce domaine, les traditions
des villes italiennes ou flamandes.
Les techniques commerciales, pendant
tout le siècle, y demeurent archaïques : faible emploi de la comptabilité en
partie double, de la lettre de change, faible dimension des firmes. Mais
l'horizon commercial s'est élargi, sous l'impulsion d'hommes d'affaires et
de marins hardis.
Les progrès les plus notables ont lieu en
Méditerranée, en direction du Levant et des côtes barbaresques. Le port de
Marseille, ouvert par le rattachement de la Provence au royaume, sur
l'arrière-pays, lié au grand centre lyonnais, vivifié par les expéditions
italiennes, s'y taille la meilleure part. La diplomatie, tournée vers
l'alliance avec l'Empire turc, facilite les choses. Dès 1528, les marchands
français bénéficient de privilèges substantiels à Alexandrie. Si les «
capitulations » de 1535 sont un mythe, il n'en reste pas moins que les
navires phocéens fréquentent les Échelles du Levant. De même les relations
se multiplient avec la côte de Bône : vers 1550, on y recueille le corail,
on y achète le blé. Le Bastion de France y sert d'entrepôt.
Mais l'Atlantique et les terres nouvelles attirent
également les capitaux et les entreprises. Malgré la vigilance des
Ibériques, les marins français prennent part aux voyages de découvertes.
Après l'expédition de Verrazzano, un Florentin subventionné par ses
compatriotes de Lyon et les marchands rouennais, sur la côte de l'Amérique
du Nord en 1523-1524, c'est le départ de Jacques Cartier en mission
officielle, « pour descouvrir certaines ysles et pays où l'on dict qu'il
se doibt trouver grand quantité d'or ». Ayant reconnu l'embouchure du
Saint-Laurent, Cartier y revient en 1540 avec des colons. C'est un échec,
mais les marins français continuent de fréquenter l'estuaire pour y troquer
quelques produits européens contre les fourrures. L'empire espagnol était
bien défendu, mais pas assez pour que la course, autorisée par les conflits
des deux pays, et la contrebande ne s'y développent.
Restaient les Indes fabuleuses.
Un riche armateur dieppois, enrichi par la pêche de
Terre-Neuve, ne dédaignant pas les profits de l'industrie textile cauchoise,
honoré par le souverain du titre de capitaine du château de Dieppe, Jean
Ango, tenta l'aventure. Associé à Verrazzano et à l'amiral Chabot, il arma,
en 1529, deux navires, confiés aux frères Parmentier. S'ils n'atteignirent
pas la Chine, ils allèrent jusqu'à Sumatra. Voyage sans lendemains
immédiats, mais qui amorce les futures entreprises indiennes.
Mais il faut penser que l'essentiel du commerce
extérieur du pays continue de se faire selon les directions traditionnelles
: Pays-Bas, Italie, Espagne, Angleterre.
Les
formes de l'économie nouvelle se marquent mieux dans les progrès du crédit
et son organisation. Le développement de la banque est un élément important.
A côté du rôle original des officiers de finances, qui utilisent les fonds
publics ou qui tirent de leurs fonctions même des possibilités de crédit, de
nombreuses banques se créent ou se renforcent. La place de Lyon, marché
important de capitaux à cause des foires, regroupe la majeure partie de ces
établissements.
Livre Bibliothèque Municipale Arcachon Titre le XVI e Siècle /
BARTHOLOME BERNASSAR Professeur d'histoire Economique à l'université
de Toulouse et JEAN JACQUART Maître de Conférence a l'Université
de Picardie / Armand Collin / Edition 1973 |